Une enfance volée

21 janvier 2014

Une enfance volée

Un enfant à la manoeuvre
Un jeune adolescent à la manœuvre

L’histoire du petit n’est guère originale. Cet enfant fait partie de ceux que la société sénégalaise fait semblant de ne pas voir ! Visage poupin, l’air jovial, Habib se dévoile.

Une tenue en bleu kaki, des chaussures en plastique aux pieds et surtout, summum du raffinement, une salopette noire ! Il s’en explique : «C’est ma grand-mère qui m’a acheté tout ça ». Ce petit bout d’homme mature pour son âge qu’il situe « entre 8 et 14 ans » est devenu très dakarois. Il était arrivé de son Joal natal « juste après les fêtes de fin d’année » se rappelle t-il. C’était d’ailleurs la première fois qu’il sortait de son village situé dans le département de Mbour.

Le voyage à Dakar semble avoir été l’unique « cadeau » que sa mère ait offert à ce bambin, orphelin de père. « Je ne connais pas mon papa. D’après ma grand-mère, il est décédé peu après ma naissance » dit-il.

Un matin raconte-t-il d’une voix nasillarde et tremblotante : « Ma grand-mère et mon grand-père sont venus me prendre. Ils m’ont emmené dans un car de transport en commun et nous avons débarqué à Dakar. Et depuis je travaille dans cet atelier ». Personne ne lui a demandé son avis.

Au fil de la discussion, la confiance s’installe. Habib détaille sa journée de dur labeur. « Je commence aux environs de 9 heures et je quitte l’atelier peu avant 19 heures. Il en est ainsi tous les jours », souligne-t-il. Fatigué le jeune l’est, alors parfois il fait la « ruse » et prétexte une maladie pour ne pas aller au travail ».

L’école, Habib ne l’a jamais fréquentée. « Je n’ai rien étudié », confie-t-il. Son rêve, c’est tellement simple : « Je veux devenir un grand menuisier et avoir beaucoup d’argent  pour pouvoir aider ma mère ». Combien gagne-t-il ? Il répond : « Le patron me donne pas assez ; 500 ou 1000 francs Cfa en fin de semaine ».

Le danger le guette tous les jours. Il polit. Il rabote et transporte beaucoup de planches d’un endroit à un autre. Il nous montre les paumes de ses mains : « Regardez, c’est dur. Dur, dur d’être apprenti », conclut-il. Brusquement le patron l’appelle : « Va à la quincaillerie et achète de la colle ». Il  y va sans rechigner et nous fait un signe de la main.

 

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Commentaires

basidou
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Histoire très émouvante qui décrit presque la même situation que chez moi au Burkina.

DEBELLAHI
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Simple, concis, mais complet et éloquent. Merci d'avoir raconté l'histoire de ce Habib. Ils sont légion, les Habib, mais personne n'en parle. Vous en avez le mérite.