Ouf ! Le client s’étouffe !!!

15 janvier 2014

Ouf ! Le client s’étouffe !!!

Le retour est parsemé de petites misères. Le centre ville-Parcelles Assainies dans la banlieue, par la ligne 23 du réseau de transport Dakar-Dém-Dikk, ressemble à un embarquement de train pour « l’enfer ». Une odyssée intenable dans une promiscuité insoutenable. Le voyage ne sera pas du tout repos.

Un bus qui prend le départ
Un bus qui prend le départ

Il est 17 heures. L’ancien palais de justice s’anime.  La ligne 23 polarise les attentions. Son itinéraire serpente à travers Dakar : il chute aux Parcelles Assainies mais s’autorise un large détour par le quartier de la Medina. Un passager, puis deux et trois. Le bus s’ébranle. Quasiment désert. « Cela commence toujours comme ça, c’est au fil des arrêts que le bus va se remplir », prévient le receveur Ousmane Mané, regard impassible, teint clair, juché sur sa chaise, très à l’aise dans son mini bureau.

Première halte à l’hôpital Aristide Le Dantec, une dizaine de jeunes, femmes pénètrent dans le « DDD ». Les clients s’arrachent les places assises. La ligne 23 reprend la route. Il passe devant l’hôpital Principal. Ici, des jeunes filles investissent l’intérieur du bus. Elève en classe de Terminal G au collège Saint-Michel, Ami Diop, physique svelte, a fait bonne pêche. Elle a trouvé une place assise. Ami souffle : « je vais au quartier Gueule Tapée et je trouve que prendre le bus, c’est plus commode ».

Le bus longe l’avenue Léopold Sédar Senghor et dépasse le palais de la République sans difficulté.

Premier brusque coup de frein, premier embouteillage à hauteur de la pharmacie « Guigon » sur l’avenue Lamine Gueye. A quelque mètre, Sandaga, l’emblématique marché dakarois grouille de monde. Des passagers debout s’impatientent. Le bus ne roule plus, le receveur ingurgite des cacahuètes pour « passer le temps » ironise t-il. Le chauffeur fait preuve de tact pour éviter de fougueux marchands ambulants à la recherche de clients.

17h 50 minutes, un concert de klaxon se duplique à la hauteur du centre commercial Sahm, prés de l’hôpital Abass Ndao. Mbaye Fall, accoudé sur une barre du bus s’en formalise. Le jeune qui rentre aux Parcelles Assainies est fatigué. « Chaque jour, je me mets dans cette position debout et ce n’est pas facile. Tu arrives forcément épuisé » dit-il avec amertume malgré un sourire aux lèvres.

Déjà, l’avenue Cheikh Anta Diop. Une file de véhicules peinent à avancer, ça se bouche. Il commence à suffoquer à l’intérieur. Le bus est rempli. Et quand les étudiants de l’Université Cheikh Anta Diop, sacs au dos ou en main, se bousculent pour prendre place, le bus est plein comme un œuf. Il peine à se frayer un chemin. Nouveau concert de klaxon. Un policier en faction multiplie les gestes. Mais, il siffle dans le vide.

Mbaye Fall souffle. «  Le trajet ! Ça ronge les os » clame-t-il. Un autre chanterait «  ça use, ça use…. ».

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