Profession : Ecrivain de plainte

7 avril 2014

Profession : Ecrivain de plainte

Siège de la police judiciaire

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le commissariat de Grand Yoff grouille de monde. Certains sont en file indienne. Ils déposent des papiers pour la légalisation. D’autres sont à la recherche de la carte nationale d’identité. De l’autre côté, en face de la porte principale,  un homme, cheveux poivre et sel est assis sur une chaise avec une table devant lui.  Abdou (un nom d’emprunt) écrit des plaintes. Il est un retraité de la police. Il a décidé de contribuer à la poursuite du service public.

Abdou tient beaucoup de feuilles à la main. Dès qu’un client se dirige vers lui, il tend l’oreille et se montre disponible. Pour éviter de rester oisif chez lui, Abdou a décidé d’apporter son expertise à une certaine frange de la population. « Tu sais mon frère, beaucoup de sénégalais ne savent pas comment rédiger une plainte et c’est dommage » dit-il.

Son camarade d’à côté également est un policier à la retraite. Lui aussi préfère taire son nom. Il débarque à 9 heures au commissariat pour venir s’adonner à l’écriture de plaintes. Il finit son boulot vers les coups de 17 heures.

Chez ses « écrivains », les tarifs varient selon l’appréciation généreuse du client. Ils gagnent entre 2000 à 3000 francs Cfa par jour. « Pas mal pour un  retraité » soupire Abdou. «  Cela vaut mieux que de demander de l’argent de gauche à droite » renchérit son camarade.

Le métier « d’écrivain de plainte » n’est pas du tout facile pour les jeunes a fortiori pour un vieillard. Ils travaillent presque tous les jours, à l’exception les jours fériés. Ces « vieux » policiers, on les retrouve presque partout dans tous les commissariats du pays.

L’expérience glanée au fil des ans ne suffit pas pour être un bon écrivain de plainte. Il faut avoir un bon niveau de français, s’y connaître également en Droit. Sinon bonjours les dégâts.

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